Page:Nau - Force ennemie.djvu/95

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drais-je ici un homme aussi sain d’esprit que moi-même ? Il a parlé sans ambages d’un accès de folie possible. Un fou raisonnant aurait eu peur de donner barre sur lui rien qu’en prononçant ce mot de folie. Que faire ?… Et s’il redevenait dangereux hors de mon établissement ? Il y a des cas si bizarres ! »

Je suis sûr que j’ai parfaitement bien lu en lui, — encore plus sûr quand il dit, sans préambule aucun, comme s’il avait parlé ce qu’il s’est contenté de penser :

— …D’ailleurs un de ses… pardon ! un de vos parents viendra Lundi, — après demain. Nous causerons avec lui et il peut se faire, mon Dieu ! oui ! il peut se faire que votre traitement dure un peu moins longtemps que je ne craignais… Vous ne vous sentez plus irrité ou angoissé ? Vous ne vous surprenez plus à concevoir de violentes antipathies contre personne, contre Léonard ou contre moi, par exemple ? Vous voyez bien que je vous parle comme à un homme guéri, comme à un homme qui n’a, sans doute, jamais été malade d’autre chose que de très légers troubles nerveux, déjà et pour toujours dissipés ; comme à un homme qui n’a plus besoin de ménagements !… — Non ? Rien contre Léonard, contre moi ou contre d’autres individus ?

— Contre vous, Docteur ! Comment pourrais-je vous prendre en grippe alors que vous me parlez avec tant de bonté ? Contre l’infortuné Léonard qui fait tout ce qu’il peut pour que je ne me monte pas la tête, pour que je prenne tout aussi bien que pos-