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Vers la Fée Viviane

Et ce qui peut tenir des grands couchants de pourpre
Dans la vallée mesquine d’un sillon.

En l’espérance et l’angoisse confuses
Qui tressaillent, après les mornes sommeils lourds,
Tu vaincras ta chair exténuée qui refuse
D’obéir à l’appel tyranique du Jour.

Et, sous l’œil clair du rude maître qui arrache
Aux fleuves et aux bois leur vaporeuse et pâle
Et dorlotante écharpe de songes d’opale,
Tu iras, dans l’air cru, vers les ronces des Tâches,

Massif, rugueux, battu aux forges primitives,
Le fer mordra tes mains comme le sol saignant ;
L’effort tortionnaire et les repos souffrants
Pèseront même poids sur ta forme plaintive,

Mais, tandis que ton hâve compagnon, hanté
D’une présence bienveillante qu’il ignore,
S’enlizera, forçat de la glèbe, tenté
Par le sort calme des souches qu’un rayon dore,

Tu lui verseras le bonheur des visions