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hanté obstinément du souvenir de l’Alsace.

Se souvenir, n’est-ce pas revivre une seconde fois une vie déjà si courte, parfois trempée de larmes, souvent aussi égayée d’un sourire ou d’un rire ! Il y aura sans doute de tout cela dans ces rêveries. Elles s’en iront au gré de ma fantaisie, au gré de mes souvenirs. Ce sont quelques-uns d’entre eux que je voudrais fixer ici, faire prendre corps à quelques vieilles ressouvenances d’un charme singulier et mélancolique pour l’exilé qui vit dans la songerie du passé.

Souvenirs jeunes et vieux défileront lentement, errant d’un coin de l’Alsace à l’autre, évoquant le passé, car, quoi qu’on dise, il est doux de parler de ce que l’on a perdu, même quand il s’y mêle de l’amertume. Mieux vaut en parler que d’oublier à jamais ; on entretient ainsi l’espérance de voir revenir les beaux jours de jadis. Peut-être ces rêveries crépusculaires éveilleront-elles, chez ceux qui les liront, de lointains souvenirs qu’ils croyaient disparus et feront-