Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/128

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Maintenant, poursuivons : — Ne sont point dans ce cas
Catéchismes, sermons, adresses, almanachs,
Billets de faire part… pourvu qu’il ne s’y trouve
Aucune allusion que notre goût réprouve. —
En faisant aux auteurs cette concession,
Nous montrons bien, messieurs, que notre intention
N’est pas de nuire en rien aux travaux de la presse :
Pourquoi donc ose-t-on nous répéter sans cesse
Que notre beau projet, au commerce fatal,
Va mener par la main la France à l’hôpital ?…
L’état dépend-il donc du sort d’un mauvais livre,
Et, sans quelques pamphlets, l’homme ne peut-il vivre ?…
Au contraire, messieurs, la science l’aigrit,
On est toujours méchant quand on a trop d’esprit ;
Et nous avons vu tous que maint ouvrage atroce
Peut, d’un peuple mouton, faire un peuple féroce.
Mais, dit-on, par la loi que vous allez porter,
Des milliers d’écrivains cesseront d’exister :
Belle perte ! À l’état sont-ils si nécessaires ?
Pour un seul qui promet, combien d’auteurs vulgaires !
Nous en purgeons la France… et, s’il le faut d’ailleurs,
Nous saurons bien d’entr’eux distinguer les meilleurs,
Qui, par nous protégés, pourront, exempts de crainte,
Écrire décemment, et sans trop de contrainte :
— Comme Chateaubriand pourrait de son côté