Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/71

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Qui marque tour à tour un triomphe, un trépas,
Il annonça la mort, ainsi que la victoire :
Dès qu’il retentissait comme un signal lointain,
L’un frémissait de crainte, et l’autre de courage,
On volait à la gloire, on volait au carnage,
Et les mères pressaient leurs enfans sur leur sein !

La Croix, tant qu’il vécut, fut l’étoile des braves :
C’était par ses nobles entraves
Qu’il s’attachait des défenseurs ;
Elle rendit la France en grands hommes féconde ;
Et, quand elle éclatait au ciel et sur les cœurs,
Dans ce nouveau soleil qu’il jeta sur le monde,
L’œil put distinguer trois couleurs.

La voilà, cette illustre épée
Qui fit le sort de cent combats :
Que de fois dans le sang sa lame fut trempée !
Qu’elle a moissonné de soldats !
Le bras qui la portait fit un vaste ravage,
Elle se reposa, quand ce bras fut lassé !…
Mais l’avide vautour, qu’attire le carnage,
Sait dans quels lieux elle a passé !