Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/102

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mes traits, et bientôt tu me verras telle que je suis… » Un verger délicieux sortait des nuages derrière elle, une lumière douce et pénétrante éclairait ce paradis, et cependant je n’entendais que sa voix, mais je me sentais plongé dans une ivresse charmante. — Je m’éveillai peu de temps après et je dis à Georges : — Sortons. Pendant que nous traversions le pont des Arts, je lui expliquai les migrations des âmes, et je lui disais : — Il me semble que, ce soir, j’ai en moi l’âme de Napoléon qui m’inspire et me commande de grandes choses. — Dans la rue du Coq, j’achetai un chapeau, et, pendant que Georges recevait la monnaie de la pièce d’or que j’avais jetée sur le comptoir, je continuai ma route et j’arrivai aux galeries du Palais-Royal.

Là, il me sembla que tout le monde me regardait. Une idée persistante s’était logée dans mon esprit, c’est qu’il n’y avait plus de morts ; je parcourais la galerie de Foy en disant : J’ai fait une faute, et je ne pouvais découvrir laquelle en consultant ma mémoire que je croyais être celle de Napoléon… « Il y a quelque chose que je n’ai point payé par ici ! » J’entrai au café de Foy dans cette idée et je crus reconnaître dans un des habitués le père Bertin des Débats. Ensuite, je traversai le jardin et je pris quelque intérêt à voir