Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/140

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injuste et exigeant envers vous, qui le connaissez à peine ; mais comment, en jugeant si bien, avez-vous si peu d’indulgence ? Oui, il y a dans ma tête un orage de pensées dont je suis ébloui et fatigué sans cesse, il y a des années de rêves, de projets, d’angoisses qui voudraient se presser dans une phrase, dans un mot. Ah ! j’oublierai tout cela, car vous m’avez cruellement puni d’avoir voulu m’en prévaloir. Pourquoi vous ai-je dit une fois ce que j’avais souffert pour vous ? Pourquoi me suis-je vanté d’un passé qui n’est plus, et auquel vous ne devez rien ? Une femme aime à donner plus qu’elle ne reçoit, et ce n’est pas de son côté que doit être la reconnaissance. Qu’ai-je fait, mon Dieu ! Un sourire, un serrement de main, une douce parole valent cent fois toutes mes peines, et vous m’avez accordé tout cela.