Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/161

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Ah ! je suis bien puni de mes exigences ! Vous m’en avez cruellement puni ! Pourquoi vous ai-je dit une seule fois ce que j’avais fait pour vous ? Pourquoi me suis-je vanté d’un passé qui n’est plus et auquel vous ne devez rien ? Une femme aime à donner plus qu’elle ne reçoit, et ce n’est pas à elle qu’appartient la reconnaissance. Qu’ai-je fait pour vous, mon Dieu ?… Un sourire, un serrement de main, une douce parole valaient cent fois mes peines et j’ai eu tout cela de vous. Soyez tranquille, je suis assez humilié ! et je ne songe plus à me faire des titres que dans le présent et dans l’avenir.

Qu’elle est bonne et douce votre lettre, quand je songe à mes torts ! mais qu’elle est polie et mesurée ! Vous étiez bien calme en l’écrivant ! Ah ! pauvre chère lettre ! C’est mon seul trésor d’amour pourtant ! et je suis bien forcé de me faire une bien grande illusion pour trouver en elle un espoir.

Madame, ne craignez pas de me voir ! Vous le savez, je suis timide en face de vous, vous