Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/185

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Je suis plus calme aujourd’hui qu’hier ; je me réveille plein d’espoir et de courage. Mon Dieu ! le mauvais temps pour aimer, que l’hiver ! On ne devrait aimer qu’au printemps, comme les petits oiseaux. Moi, qui voudrais pouvoir jeter sous vos pieds un manteau de verdure et de fleurs, moi qui voudrais rêver avec vous sous les ombrages parfumés, au bruit des eaux murmurantes, je viens à vous par un temps de brume et de gelée et mon beau drame, si chaleureux, si bien conduit, n’a pas de décoration !

Madame, si vous ne m’aimez pas un peu, je suis perdu. Si vous n’avez pas un peu de bonté, ma conduite est folle et la vôtre est cruelle. Je crains bien des choses encore : j’ai peur que mon abnégation ne vous semble de la faiblesse, j’ai peur que vous ne vous lassiez d’un amour trop entier, trop ardent, pour savoir revêtir les formes de la galanterie. La conjugaison éternelle du verbe « aimer » ne convient peut-être qu’aux âmes tout à fait naïves. Mais je vous ai dit combien j’étais