Page:Nerval - Choix de poésies, 1907, éd. Séché.djvu/45

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Roses blanches, tombez ! vous insultez nos dieux :
Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle ;
— La sainte de l’abîme est plus sainte à mes yeux !




LA TETE ARMEE


Napoléon mourant vit une Tête armée
Il pensait a son fils déjà faible et souffrant :
La Tête, c’était donc sa France bien-aimée.
Décapitée, aux pieds du César expirant.

Dieu, qui jugeait cet homme et cette renommée,
Rappela Jésus-Christ ; mais l’abîme, s’ouvrant.
Ne lui rendit qu’un souffle, un spectre de fumée :
Le demi-dieu, vaincu, se releva plus grand.

Alors on vit sortir du fond du purgatoire
Un jeune homme inondé des pleurs de la Victoire,
Qui tendit sa main pure aux monarques des cieux ;

Frappés au flanc tous deux par un double mystère ;
L’un répandait son sang pour féconder la terre.
L’autre versait au ciel la semence des dieux !




LE CHRIST AUX OLIVIERS


Dieu est mort, le ciel est vide…
Pleurez ! enfants, vous n’avez plus de père
{{|Jean Paul.|5}}


(IMITÉ DEJEAN-PAUL)


I

Quand le Seigneur, levant au ciel ses maigres bras.
Sous les arbres sacrés, comme font les poètes.
Se fut longtemps perdu dans ses douleurs muettes.
Et se jugea trahi par des amis ingrats ;