Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/123

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Ne souffrez près de vous hy flatteurs ny vanteurs.
Fuyez ces plaisans fous qui ne sont que menteurs,
Et n’endurez jamais que les langues légères
Médisent des seigneurs des terres estrangères.
Ne soyez point moqueur ny trop haut à la main,
Vous souvenant toujours que vous estes humain ;
Ayez autour de vous personnes vénérables,
Et les oyez parler volontiers à vos tables.
Soyez leur auditeur, comme fut votre àyeul,
Ce grand François qui vit encores au cercueil.
Ne souffrez que les grands blessent le populaire ;
Ne souffrez que le peuple aux grands puisse déplaire ;
Gouvernez vostre argent par sagesse et raison :
Le prince qui ne peut gouverner sa maison,
Sa femme, ses enfanta et son bien domestique.,
Ne saurait gouverner une grand’république.

Pensez long-temps avant que faire aucuns édits ;
Mais si-tost qu’ils seront devant le peuple dits,
Qu’ils soient pour tout jamais d’invincible puissance ;
Autrement vos décrets sentiraient leur enfance.’
Ne vous montrez jamais pompeusement vestu ;
L’habillement des roys est la seule vertu :
Que vostre corps reluise en vertus glorieuses,
Non par habits chargés de pierres précieuses.