Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/311

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De ton parent Jupiter et au tiers
Toi réjoui de douce mélodie
Les adoucis et de ta poésie ;
Sois ci présent, et au labeur et peine
De toi chantant donne joyeux étrenne
De bien ditter et lui donne faveur,
Car il nous plaît la fable qui n’est moindre
D’aultres narrez intexer et la joindre
Que bien ditta Astreus sainct poëte, etc.


En vérité, rien qui surpasse ces vers, dans toute la haute poésie d’alors ; si quelqu’un en doute, qu’il lise encore les hymnes de Marot, de Marot si poëte dans les genres plaisants, et il verra quel abîme existait entre le style élevé et le style gracieux et naïf. Maintenant, jugez de quelle admiration le public de 1550 dût se sentir saisi en entendant des strophes pareilles à celles que je vais citer, et qui faisaient partie d’une ode pindarique où le poëte racontait la guerre des dieux contre les titans[1].


Belione eut la tête couverte
D’un acier, sur qui rechignait
De Méduse la gueule ouverte,
Qui pleine de flammes grognoit ;
En sa dextre elle enta la hache
Par qui les rois sont irrités,
Alors que, dépite, elle arrache
Les vieilles tours de leurs cités !

Adonc le Père puissant,
Qui de nerfs roidis s’efforce !

  1. Cette ode était contenue dans le recueil intitulé : Les quatre premiers Livres d’odes de P. de Ronsard vendomois, ensemble et son Boccaige; Paris, G. Cavellat, 1550.

    Ronsard avait déjà publié séparément, l’année précédente, l’Hymne de France, Paris, Vascosan, et l’Hymne de la paix, G. Cavellat, 1549. Ces trois pièces très-rares ne sont point indiquées sur le catalogue de la Bibliothèque royale, ce qui a fait commettre à tous les bibliographes une erreur de date touchant la publication des premiers écrits de Ronsard.