Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/190

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Voilà le début, simple et charmant ; où cela se passe-t-il ? Peu importe ! Ce serait si l’on voulait la fille d’un sultan rêvant sous les bosquets de Schiraz. Trois cavaliers passent au clair de la lune : « Montez, dit le plus jeune, sur mon beau cheval gris.» N’est-ce pas là la course de Lénore, et n’y a-t-il pas une attraction fatale dans ces cavaliers inconnus ! Ils arrivent à la ville, s’arrêtent à une hôtellerie éclairée et bruyante. La pauvre fille tremble de tout son corps :

Aussitôt arrivée, — L’hôtesse la regarde. — «Êtes-vous ici par force — ou pour votre plaisir ? — Au jardin de mon père — Trois cavaliers m’ont pris.»

Sur ce propos le souper se prépare : « Soupez, la belle, et soyez heureuse ;

Avec trois capitaines, — Vous passerez la nuit.»

Mais le souper fini, — La belle tomba morte. — Elle tomba morte — Pour ne plus revenir !

« Hélas ! ma mie est morte ! s’écria le plus jeune cavalier, qu’en allons-nous faire ?...» Et ils conviennent de la reporter au château de son père, sous le rosier blanc.

Et au bout de trois jours — La belle ressuscite : — « Ouvrez, ouvrez, mon père, — Ouvrez sans plus tarder ! — Trois jours j’ai fait la morte — Pour mon honneur garder.»

La vertu des filles du peuple attaquée par des seigneurs félons a fourni encore de nombreux sujets de romances. Il