Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/197

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Nous nous arrêtons dans ces citations si incomplètes, si difficiles à faire comprendre sans la musique et sans la poésie des lieux et des hasards, qui font que tel ou tel de ces chants populaires se grave ineffaçablement dans l’esprit. Ici ce sont des compagnons qui passent avec leurs longs bâtons ornés de rubans ; là des mariniers qui descendent un fleuve ; des buveurs d’autrefois (ceux d’aujourd’hui ne chantent plus guère), des lavandières, des faneuses, qui jettent au vent quelques lambeaux des chants de leurs aïeules. Malheureusement on les entend répéter plus souvent aujourd’hui les romances à la mode, platement spirituelles, ou même franchement incolores, variées sur trois à quatre thèmes éternels. Il serait à désirer que de bons poëtes modernes missent à profit l’inspiration naïve de nos pères, et nous rendissent, comme l’ont fait les poëtes d’autres pays, une foule de petits chefs-d’œuvre qui se perdent de jour en jour avec la mémoire et la vie des bonnes gens du temps passé.