Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/250

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célèbres. J’avais visité l’Orient avec les seuls souvenirs, déjà vagues, de mon éducation classique. Au retour de l’Egypte, Naples était pour moi un lieu de repos et d’étude, et les précieux dépôts de ses bibliothèques et de ses musées me servaient à justifier ou à combattre les hypothèses que mon esprit s’était formées à l’aspect de tant de ruines inexpliquées ou muettes. — Peut-être ai-je dû au souvenir éclatant d’Alexandrie, de Thèbes et des Pyramides, l’impression presque religieuse que me causa une seconde fois la vue du temple d’Isis de Pompéi. J’avais laissé mes compagnons de voyage admirer dans tous ses détails la maison de Diomède, et, me dérobant à l’attention des gardiens, je m’étais jeté au hasard dans les rues de la ville antique, évitant çà et là quelque invalide qui me demandait de loin où j’allais, et m’inquiétant peu de savoir le nom que la science avait retrouvé pour tel ou tel édifice, pour un temple, pour une maison, pour une boutique. N’était-ce pas assez que les drogmans et les Arabes m’eussent gâté les pyramides, sans subir encore la tyrannie des ciceroni napolitains ? J’étais entré par la rue des tombeaux ; il était clair qu’en suivant cette voie pavée de lave, où se dessine encore l’ornière profonde des roues antiques, je retrouverais le temple de la déesse égyptienne, situé à l’extrémité de la ville, auprès du théâtre tragique. Je reconnus l’étroite cour jadis fermée d’une grille, les colonnes encore debout, les deux autels à droite et à gauche, dont le dernier est d’une conservation parfaite, et au fond l’antique cella s’élevant sur sept marches autrefois revêtues de marbre de Paros.

Huit colonnes d’ordre dorique, sans base, soutiennent les côtés, et dix autres le fronton ; l’enceinte est découverte,