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ANGÉLIQUE

foulé les débris et interrogé les souvenirs, de venger la mémoire de l’illustre calife Omar de cet éternel incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, qu’on lui reproche communément. Omar n’a jamais mis le pied à Alexandrie, — quoi qu’en aient dit bien des académiciens. Il n’a pas même eu d’ordres à envoyer sur ce point à son lieutenant Amrou. — La bibliothèque d’Alexandrie et le Serapéon, ou maison de secours, qui en faisait partie, avaient été brûlés et détruits au quatrième siècle par les chrétiens, — qui, en outre, massacrèrent dans les rues la célèbre Hypatie, philosophe pythagoricienne. Ce sont là, sans doute, des excès qu’on ne peut reprocher à la religion, — mais il est bon de laver du reproche d’ignorance ces malheureux Arabes dont les traductions nous ont conservé les merveilles de la philosophie, de la médecine et des sciences grecques, en y ajoutant leurs propres travaux, — qui sans cesse perçaient de vifs rayons la brume obstinée des époques féodales.

Pardonnez-moi ces digressions, — et je vous tiendrai au courant du voyage que j’entreprends à la recherche de l’abbé de Bucquoy. Ce personnage excentrique et éternellement fugitif ne peut échapper toujours à une investigation rigoureuse.

2e LETTRE

Un paléographe. — Rapports de police en 1709. — Affaire Le Pileur. — Un drame domestique.


Il est certain que la plus grande complaisance règne à la Bibliothèque nationale. Aucun savant sérieux ne se plaindra de l’organisation actuelle ; — mais quand un