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ANGÉLIQUE

Tels étaient les tragiques préambules de la grande passion qui devait précipiter la pauvre Angélique dans une série de malheurs.


HISTOIRE
de la grand’tante de l’abbé de bucquoy


Voici maintenant les premières lignes du manuscrit :

« Lorsque ma mauvaise fortune jura de continuer à ne plus me laisser en repos, ce fut un soir à Saint-Rimault, par un homme que j’avais connu il y avait plus de sept ans, et pratiqué deux ans entiers sans l’aimer. Ce garçon étant entré dans ma chambre sous prétexte du bien qu’il voulait à la demoiselle de ma mère nommée Beauregard, s’approcha de mon lit en me disant : « Vous plaît-il, madame ? » et en s’approchant de plus près me dit ces paroles : « Ah ! que je vous aime, il y a longtemps ! » auxquelles paroles je répondis : « Je ne vous aime point, je ne vous hais point aussi ; seulement, allez vous en, de peur que mon papa ne sache que vous êtes ici à ces heures. »

» Le jour étant venu, je cherchai incontinent l’occasion de voir celui qui m’avait fait la nuit sa déclaration d’amour ; et, le considérant, je ne le trouvai haïssable que de sa condition, laquelle lui donna tout ce jour-là une grande retenue, et il me regardait continuellement. Tous les jours ensuivants se passèrent avec de grands soins qu’il prenait de s’ajuster bien pour me plaire. Il est vrai aussi qu’il était fort aimable, et que ses actions