Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
LES FILLES DU FEU

Le troisième jour, le comte était obligé de se rendre aux funérailles de son beau-frère Manicamp. Il se fit suivre de La Corbinière, — ainsi que d’un fils, d’un palefrenier et de deux laquais, et, se trouvant au milieu de la forêt de Compiègne, il s’approcha tout à coup de l’amoureux, lui tira par surprise l’épée du baudrier, et lui mettant le pistolet sur la gorge, dit au laquais : « Ôtez les éperons à ce traître, et vous en allez un peu devant… »

INTERRUPTION

Je ne voudrais pas imiter ici le procédé des narrateurs de Constantinople ou des conteurs du Caire, qui, par un artifice vieux comme le monde, suspendent une narration à l’endroit le plus intéressant, afin que la foule revienne le lendemain au même café. — L’histoire de l’abbé Bucquoy existe ; je finirai pas la trouver.

Seulement, je m’étonne que dans une ville comme Paris, centre des lumières, et dont les bibliothèques publiques contiennent deux millions de livres, on ne puisse rencontrer un livre français, que j’ai pu lire à Francfort, — et que j’avais négligé d’acheter.

Tout disparaît peu à peu, grâce au système de prêt des livres, — et aussi parce que la race des collectionneurs littéraires et artistiques ne s’est pas renouvelée depuis la révolution. Tous les livres curieux volés, achetés ou perdus, se retrouvent en Hollande, en Allemagne et en Russie. — Je crains un long voyage dans cette saison, et je me contente de faire encore des recherches dans un rayon de quarante kilomètres autour de Paris.