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Un des jeunes gens alla chercher deux épées, et à la lueur d’un réverbère le duel commença dans toutes les règles. Nicolas savait à peine tenir son épée, mais aussi Tourangeau n’était pas très solide sur ses jambes ce soir-là. Le pressier reçut un coup d’épée porté au hasard sans règle ni mesure, et tomba le cou traversé d’une blessure qui rendait beaucoup de sang. L’atteinte n’était pas mortelle. Cependant Nicolas fut obligé de se soustraire aux recherches de l’autorité. Il ne revit qu’un instant Mme  Parangon, dont le mari était revenu, et qui comprit ce qu’il y avait eu de désespoir et de secrète amertume dans l’action du jeune homme. Du reste, ce duel lui avait fait le plus grand honneur dans Auxerre, où il était désormais regardé comme le défenseur des belles. Cette renommée le poursuivit jusque dans sa famille, où il retourna pour quelque temps.

IX.
épilogue de la jeunesse de nicolas.

C’est à la suite de ces événements que Nicolas, après avoir passé quelques jours près de ses parents, à Saci, vint à Paris exercer l’état de compositeur d’imprimerie, dont il avait fait l’apprentissage à Auxerre. Nous avons vu déjà combien tout objet nouveau exerçait d’influence sur cette âme ardente, toujours en proie aux passions violentes, et, comme il le disait lui-même, plus imprégnée d’électricité que toute autre. Ce fut quelque temps avant sa liaison éphémère avec Mlle  Guéant qu’il reçut tout à coup l’avis de la mort de Mme  Parangon. La pauvre femme n’avait