Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/256

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certain éclat ; mais ce qui frappa le plus alors les connaisseurs, ce fut le fond romanesque du sujet, où Moncrif, le célèbre historiographe des Chats, crut voir l’étoffe d’un poème.

Cazotte n’était encore que l’auteur modeste de quelques fables et chansons ; le suffrage de l’académicien Moncrif fit travailler son imagination, et, à son retour à la Martinique, il traita le sujet d’Ollivier sous la forme du poème en prose, entremêlant ses récits chevaleresques de situations comiques et d’aventures de féerie à la manière des Italiens. Cet ouvrage n’a pas une grande valeur littéraire, mais la lecture en est amusante et le style fort soutenu.

On peut rapporter au même temps la composition du Lord impromptu, nouvelle anglaise écrite dans le genre intime, et qui présente des détails pleins d’intérêt.

Il ne faut pas croire, du reste, que l’auteur de ces fantaisies ne prît point au sérieux sa position administrative ; nous avons sous les yeux un travail manuscrit qu’il adressa à M. de Choiseul pendant son ministère, et dans lequel il trace noblement les devoirs du commissaire de marine, et propose certaines améliorations dans le service avec une sollicitude qui fut sans doute appréciée. On peut ajouter qu’à l’époque où les Anglais attaquèrent la colonie, en 1749, Cazotte déploya une grande activité et même des connaissances stratégiques dans l’armement du fort Saint-Pierre. L’attaque fut repoussée, malgré la descente qu’opérèrent les Anglais.

Cependant la mort du frère de Cazotte le rappela une seconde fois en France comme héritier de tous ses biens, et il ne tarda pas à solliciter sa retraite : elle lui fut accordée dans les termes les plus honorables et avec le titre de commissaire général de la marine.