Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
II.
les précurseurs.

Si l’on s’est bien expliqué les doctrines exposées plus haut, on aura pu comprendre par quelles raisons, à côté de l’église orthodoxe, il s’est développé sans interruption une école moitié religieuse et moitié philosophique qui, féconde en hérésies sans doute, mais souvent acceptée ou tolérée par le clergé catholique, a entretenu un certain esprit de mysticisme ou de supernaturalisme nécessaire aux imaginations rêveuses et délicates, comme à quelques populations plus disposées que d’autres aux idées spiritualistes.

Des israélites convertis furent les premiers qui essayèrent, vers le xie siècle, d’infuser dans le catholicisme quelques hypothèses fondées sur l’interprétation de la Bible et remontant aux doctrines des Esséniens et des Gnostiques.

C’est à partir de cette époque que le mot cabale résonne souvent dans les discussions théologiques. Il s’y mêle naturellement quelque chose des formules platoniciennes de l’école d’Alexandrie, dont beaucoup s’étaient reproduites déjà dans les doctrines des Pères de l’Église.

Le contact prolongé de la chrétienté avec l’Orient, pendant les croisades, amena encore une grande somme d’idées analogues qui, du reste, trouvèrent à s’appuyer aisément sur les traditions et les superstitions locales des nations de l’Europe.

Les Templiers furent, entre les croisés, ceux qui es-