Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/321

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ques. Déjà les illuminés d’Allemagne s’étaient montrés à peu près païens ; ceux de France, comme nous l’avons dit, s’étaient appelés Martinistes, d’après le nom de Martinès, qui avait fondé plusieurs associations à Bordeaux et à Lyon ; ils se séparèrent en deux sectes, dont l’une continua à suivre les théories de Jacob Bœhm, admirablement développées par le célèbre Saint-Martin, dit le Philosophe inconnu, et dont l’autre vint s’établir à Paris et y fonda la loge des Philalèthes, qui entra bientôt résolument dans le mouvement révolutionnaire.

Nous avons cité déjà les divers auteurs qui unirent leurs efforts pour fonder en France une doctrine philosophique et religieuse empreinte de ces idées. On peut compter principalement parmi eux le marquis d’Argens, l’auteur des Lettres cabalistiques ; dom Pernetty, l’auteur du Dictionnaire mytho-hermétique ; d’Esprémenil, Lavater, Delille de Salle, l’abbé Terrasson, auteur de Sethos, Bergasse, Clootz, Court de Gebelin, Fabre d’Olivet, etc.

Il faut lire l’Histoire du Jacobinisme de l’abbé Barruel, les Preuves de la conspiration des illuminés de Robison, et aussi les observations de Mounier sur ces deux ouvrages, pour se former une idée du nombre de personnages célèbres de cette époque qui furent soupçonnés d’avoir fait partie des associations mystiques dont l’influence prépara la révolution. La plupart des historiens de notre temps ont négligé d’approfondir ces détails, soit par ignorance, soit par crainte de mêler à la haute politique un élément qu’ils supposaient moins grave[1].

Le père de Robespierre avait, comme on sait, fondé une loge maçonnique à Arras d’après le rite écossais. On peut supposer que les premières impressions que reçut

  1. M.  Louis Blanc et M.  Michelet s’en sont cependant occupés.