Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette opinion avait régné particulièrement, pendant tout le moyen âge, chez les cabalistes les plus célèbres, et particulièrement chez les astrologues, les alchimistes et les médecins. Elle explique la plupart des conjurations fondées sur les invocations astrales, les horoscopes, les talismans et les médications, soit de substances consacrées, soit d’opérations en rapport avec la marche ou la conjonction des planètes. Il suffit d’ouvrir un livre de sciences occultes pour en avoir la preuve évidente.

II

LES PRÉCURSEURS

Si l’on s’est bien expliqué les doctrines exposées plus haut, on aura pu comprendre par quelles raisons, à côté de l’Église orthodoxe, il s’est développé sans interruption une école moitié religieuse et moitié philosophique qui, féconde en hérésies sans doute, mais souvent acceptée ou tolérée par le clergé catholique, a entretenu un certain esprit de mysticisme ou de supernaturalisme nécessaire aux imaginations rêveuses et délicates, comme à quelques populations plus disposées que d’autres aux idées spiritualistes.

Des Israélites convertis furent les premiers qui essayèrent, vers le xie siècle, d’infuser dans le catholicisme quelques hypothèses fondées sur l’interprétation de la Bible et remontant aux doctrines des esséniens et des gnostiques.

C’est à partir de cette époque que le mot cabale résonne souvent dans les discussions théologiques. Il s’y mêle naturellement quelque chose des formules platoniciennes de l’école d’Alexandrie, dont beaucoup s’étaient reproduites déjà dans les doctrines des Pères de l’Église.

Le contact prolongé de la chrétienté avec l’Orient, pendant les croisades, amena encore une grande somme d’idées analogues qui, du reste, trouvèrent à s’appuyer aisément sur les