leurs propres travaux, qui sans cesse perçaient de vifs rayons la brume obstinée des époques féodales.
Pardonnez-moi ces digressions ; — et je vous tiendrai au courant du voyage que j’entreprends à la recherche de l’abbé de Bucquoy. Ce personnage excentrique et éternellement fugitif, ne peut échapper toujours à une investigation rigoureuse.
Il est certain que la plus grande complaisance règne à la Bibliothèque nationale. Aucun savant sérieux ne se plaindra de l’organisation actuelle ; mais, quand un feuilletoniste ou un romancier se présente, « tout le dedans des rayons tremble. » Un bibliographe, un homme appartenant à la science régulière savent juste ce qu’ils ont à demander. Mais l’écrivain fantaisiste, exposé à perpétrer un roman-feuilleton, fait tout déranger, et dérange tout le monde pour une idée biscornue qui lui passe par la tête.
C’est ici qu’il faut admirer la patience d’un conservateur ; l’employé secondaire est souvent trop jeune encore pour s’être fait à cette paternelle abnégation. Il vient souvent des gens grossiers qui se font une idée exagérée des droits que leur confère cet avantage de faire partie du public, et qui parlent à un bibliothécaire avec le ton qu’on emploie pour se faire servir dans un café. Eh bien, un savant illustre, un académicien, répondra à cet homme avec la résignation bienveillante d’un moine. Il supportera tout de lui, de dix heures à deux heures et demie, inclusivement.