Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/341

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sième le domestique du second, qui aurait seul découvert l’idée de la lettre mobile. Je tâcherai de vous dire, historiquement, ce que c’est que la lettre mobile.

Il existe à Upsal une Bible du ive siècle en latin, entièrement imprimée avec des caractères mobiles. Voici comment : On avait fabriqué des poinçons représentant toutes les lettres de l’alphabet. On les faisait rougir, et on les appliquait, tour à tour, avec beaucoup de perte de temps sans doute, sur des feuillets de parchemin où ils laissaient une empreinte noire. C’est un abbé du midi de la France, qui, avec l’aide de ses moines, a pu réaliser cette étrange entreprise. Seulement, l’idée n’était pas nouvelle.

Les Romains depuis longtemps connaissaient l’art d’imprimer de cette manière des noms et des légendes sur les fresques peintes des coupoles de temples. Le poinçon rougi marquait les lettres sur la peinture. On a conservé des fragments de ces essais.

En visitant dernièrement le musée de Naples, j’ai remarqué des poinçons en bronze, trouvés dans les ruines de Pompéi, et qui portaient en relief des inscriptions de plusieurs lignes destinées à marquer les étoffes. Parlez-moi maintenant de la découverte de l’impression xylographique !

Personne n’a jamais inventé rien ; on a retrouvé. Si vous passiez à Harlem, le pays des tulipes, vous verriez sur la grande place la statue de Laurent Coster, devant laquelle je me suis arrêté respectueusement, et sur laquelle j’ai fait un sonnet, dont je ne veux pas affliger le public, mais où l’on trouve ce vers à propos des trois inventeurs dont les profils en médaillon ornent le titre de nos éditions stéréotypées :


Laurent Coster ! leur maître… ou leur rival, salut !


Tous les Hollandais pensent que Laurent Coster, imagier, est le véritable inventeur, au moins de l’impression xylographique, attendu qu’il avait imaginé de graver sur bois les