Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/348

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— C’est juste… Croyez-vous maintenant que des gens suspects iraient prendre un bol de punch dans un café où les gendarmes font leur partie le soir ?

— Cela pourrait être un moyen de se déguiser mieux.

Je vis que j’avais affaire à un homme d’esprit.

— Eh bien, monsieur le commissaire, ajoutai-je, je suis tout bonnement un écrivain ; je fais des recherches sur la famille des Bucquoy, et je veux préciser la place, ou retrouver les ruines des châteaux qu’ils possédaient dans la province.

Le front du commissaire s’éclaircit tout à coup :

— Ah ! vous vous occupez de littérature ?… Et moi aussi, monsieur ! J’ai fait des vers dans ma jeunesse… une tragédie…

Un péril succédait à un autre ; M. le commissaire paraissait disposé à nous inviter à dîner pour nous lire sa tragédie. Il fallut prétexter des affaires à Paris pour être autorisés à monter dans la voiture de Chantilly, dont le départ était suspendu par notre arrestation.

Je n’ai pas besoin de vous dire que je continue à ne vous donner que des détails exacts sur ce qui m’arrive dans ma recherche assidue !

P.-S. — Est-ce que vous craindriez d’insérer la suite de l’histoire de la grand’tante de l’abbé Bucquoy ? On m’a assuré, que dans les circonstances actuelles, cela pouvait présenter des dangers. — Cependant, c’est de l’histoire.


LETTRE HUITIÈME


Le jour des Morts. — Senlis. — Les jeunes filles. — Delphine. — Suite de l’histoire de la grand’tante de l’abbé de Bucquoy.


Ceux qui ne sont pas chasseurs ne comprennent point assez la beauté des paysages d’automne. En ce moment, malgré la