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LORELY

marguerite. Diana ! que tu es bonne d’être venue !… Monsieur…

diana. Quand je disais que vous auriez peine à vous reconnaître.

marguerite. Frantz Lewald !

frantz. Mademoiselle… madame…

diana. Ne vois-tu pas que monsieur porte les cheveux longs, la barbe, tout le costume romanesque des frères de la Jeune Allemagne ?

marguerite. En effet, cela vous change beaucoup, monsieur Lewald. Mon Dieu, que mon père sera heureux de vous revoir, et combien mon mari nous remerciera de vous présenter à lui !… Oh ! il vous connaît par vos lettres déjà ! Il vous a jugé, monsieur.

frantz. Vraiment ?

marguerite. Et je ne vous cacherai pas que c’est un juge sévère ; mais sa sympathie vous est acquise d’avance. Léo est un homme grave, un esprit sérieux, qui aime l’enthousiasme dans les jeunes âmes, comme nous aimons, nous, la folle gaieté des enfants.

frantz. Allons, vous allez me le faire trop vieux, et me supposer trop jeune.

marguerite. Je ne dis pas cela. Il a peu d’années de plus que vous ; mais c’est un philosophe, un politique profond : bien des gens ici l’admirent ; moi, je l’aime, voilà tout… Mais je ne vous parle que de