Lewald aura laissé ici, quand il fut forcé départir, quelque passion bien romanesque, bien poétique… et c’est d’une trahison qu’il souffre, c’est une infidèle qu’il pleure.
frantz. Non, madame ! personne ne m’a jamais rien promis ! Suis-je capable d’aimer seulement ? je n’en sais rien : si j’aimais, je crois que ma passion serait grande comme le monde et vague comme l’infini ! N’est-ce pas dire assez que ce n’est point à des créatures mortelles que s’adresserait mon désir ; mais à de saintes idées, à des abstractions mystiques de religion, de gloire, de patrie, qui ont été les premiers germes de mon éducation, et vers lesquelles s’est tourné le premier éveil de mon cœur ?
diana. Il finira sous la robe d’un moine ou sous la toge d’un Romain !
frantz. Hélas ! tout cela est bien ridicule à dire, j’en conviens ; je n’aurais pas dû parler ainsi devant des femmes : mais pardonnez-moi, vous si bonnes et si indulgentes toujours ! en vous retrouvant, je n’ai pu résister à cette longue effusion de pensées longtemps contenues ; et je vous le dis, j’ai honte de vous ouvrir ainsi mon cœur froid à l’amour et tout de flamme aux rêveries. Que voulez-vous ? c’est à demi la faute de l’éducation, à demi la faute du temps. Ce siècle, qui ne compte pas encore vingt années, s’est levé au milieu de l’orage et de l’incen-