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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

ne saurais que dire à mon mari. Un jeune homme est venu me voir moi seule, et n’a pas attendu que je pusse le lui présenter.

diana. Vous nous compromettez toutes deux à la fois, et moi d’abord qui vous ai amené.

frantz. Diana ! dites seulement mon nom à mon vieux professeur ; et vous, madame, soyez assez bonne pour m’excuser auprès de M. Burckart, auquel j’aurai l’honneur de rendre visite demain. Et faut-il tout vous dire ?… c’est à une réunion politique que je suis convoqué. Si j’y manque, je suis coupable, et je puis être soupçonné de trahison.

marguerite. Grand Dieu ! vous, Frantz, vous vous mêlez à ces sombres entreprises ?

frantz. Nos projets n’ont rien d’obscur ; et les princes n’oseraient dissoudre ces associations puissantes, qu’ils ont eux-mêmes convoquées jadis. Tous les jours à cette heure, dans cette ville comme par toute l’Allemagne, nos frères, étudiants, vieux soldats ou proscrits, soit dans leurs lieux de réunion des villes, soit le long des chemins, ou bien sur les collines, où ils montent pour voir coucher le soleil, s’abordent, se serrent les mains, et demandent où est la lumière. Alors, l’un d’eux fait un signe, et les frères s’agenouillent, le front tourné vers l’Orient qui s’assombrit ! Puis, quand, selon la formule de notre langue mystique, l’heure des confidences a sonné, alors on discute les intérêts de la patrie, on