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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

qu’allons-nous devenir, nous autres pauvres femmes, qui ne comprenons rien à tout cela, au milieu de ces hommes préoccupés si tristement, à un âge où leurs pères ne pensaient qu’à l’amour et au bonheur ?

diana. Rassure-toi, ma bonne Marguerite ; Frantz est un enthousiaste, tu le sais bien. Ces sociétés dont il parle sont d’autant moins dangereuses, que presque tous les Allemands en font partie ; car on ne sort pas d’une université sans avoir fait quelque beau serment à la manière antique sur un innocent poignard… qui ne se plongera jamais dans le cœur d’aucun tyran, attendu que les tyrans eux-mêmes se sont prudemment mis à la tête des conspirateurs. Quand tu viendras à connaître l’intérieur d’une société secrète, tu verras que c’est un spectacle fort public, auquel on assiste aussi aisément qu’à l’Opéra ; mais je te préviens que c’est moins amusant.

marguerite. Diana, ta gaieté me fait mal ; vraiment, je souffre, je crains, je ne suis pas heureuse. Mon mari ne se mêle point à toutes ces manifestations, plus fréquentes qu’ailleurs dans notre ville de Francfort ; mais il écrit, Diana ; il voit je ne sais quelles gens, qui parlent vivement des affaires publiques, des proscrits la plupart, qu’il a connus autrefois dans son pays. Certains travaux qu’il envoie à la Gazette germanique font beaucoup de bruit, dit-on ; bien plus… il y a un livre dont il est l’au-