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LORELY

marguerite. Eh bien ! nous vous tenons compte de la bonne intention ; mais nous ne voulons pas aller au spectacle ce soir.

léo. Fort bien.

marguerite. Nous prendrons le thé ici, en famille, et, s’il nous vient, quelques amis, nous élargirons le cercle. (Elle sonne.) Karl, servez-nous le thé !… ranimez ce feu, et renvoyez la voiture ; nous restons.

léo. J’ai peur que vous ne nous fassiez un sacrifice, et je vous jure que je me serais fort amusé à cet opéra.

marguerite. Vous ne dites pas ce que vous pensez : d’abord vous ne comprenez rien à la musique italienne, et vous trouvez que les chanteurs jouent mal !… Je vous prie de laisser là votre journal, et de causer un peu avec nous ; donnez-le à mon père, si vous voulez, c’est de son âge. Vous êtes rentrés si tard, messieurs, que nous n’avons pu vous présenter un des anciens élèves de mon père, revenu depuis deux jours d’Italie, et dont nous vous avons parlé souvent, Léo !

le professeur. Frantz Lewald ! et vous ne l’avez pas retenu, ce pauvre enfant ? Voyez ce que le temps peut sur les amitiés : depuis deux jours il était à Francfort, sans que nous en eussions la nouvelle ! (On sert le thé, tous s’asseyent.)

marguerite. Ne parlez pas ainsi devant Diana, mon père ; il a fallu que je la rencontrasse à un bal