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LORELY

épargner tout préambule. Vous avez ici un jugement et un poignard : ce jugement me condamne à mort, et ce poignard vous a été donné pour me frapper. Cela veut dire que je pouvais vous faire arrêter, monsieur, mais que j’ai été curieux de savoir comment un homme habitué à manier une épée s’y prendrait pour frapper avec un couteau… Ah ! ne craignez rien ; entrez hardiment ; je n’ai pas d’armes, moi.

frantz. Vous êtes bien instruit, monsieur… Oui, j’ai un jugement et un poignard : mais je ne compte ici ni me servir de l’un ni invoquer l’autre. Aux gémissements de l’Allemagne que vous avez frappée, ses fils se sont rassemblés ; leur tribunal vous a condamné, et c’est moi que le sort a choisi pour exécuter l’arrêt. On m’a remis le jugement, on m’a remis le poignard… je les ai pris pour remplir une vaine formalité ; mais, pourvu que j’accomplisse ma mission, peu importe de quelle manière… J’ai pris d’autres armes… et les voilà. C’est un duel que je suis venu vous proposer… un duel à mort, c’est vrai, mais un duel loyal, dans lequel vous pouvez me tuer, si vous avez la main plus sûre et plus heureuse que la mienne…

léo. Avez-vous prévu le cas où je refuserais ?

frantz. Oui, monsieur.

léo. Et que devez-vous faire alors ?

frantz. Quelque résolution qu’il ait prise, il y a des moyens de forcer un homme à se battre.