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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

léo. Même quand cet homme n’a qu’à étendre la main pour vous faire arrêter.

frantz. Si cet homme manque à la loyauté dont je lui donne l’exemple, alors il me dégage de tout devoir en lui.

léo. Et alors ?

frantz. Et alors, monsieur… eh bien ! c’est encore un duel, et un duel pour lequel il faut plus de courage que pour tout autre, croyez-moi ; car, si l’on a devant soi un homme sans armes… on a derrière soi le bourreau, qui est armé !

léo. Eh bien ! moi, monsieur, je ne vous ferai pas arrêter, et je ne me battrai pas avec vous. Je ne vous ferai pas arrêter, parce que j’ai contre vous des motifs de haine personnelle… et je ne me battrai pas avec vous, parce que je ne me bats pas avec un homme qui est sorti d’ici comme un voleur, et qui y rentre comme un assassin !

frantz. Monsieur ! je vous ai dit que j’avais toujours un moyen de vous forcer à vous battre… eh bien ! que ce ne soit plus un duel entre un conspirateur et un homme d’État : un homme d’État ne se bat pas, je le sais… et la preuve, c’est qu’un jour la femme d’un de ces hommes a été insultée, et que je me suis battu pour elle.

léo. Vous voulez dire que je vous redois un duel…

frantz. À peu près.