Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/308

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est large à peu près comme la Seine et se perd à l’horizon en détours lumineux ; la forêt des Ardennes garnit le flanc des collines les plus éloignées, et la vue s’anime encore dans la campagne des vieilles ruines de tours et de châteaux, si fréquentes dans ce pays.

Quant à la citadelle, d’où l’on jouit de ce beau spectacle, elle appartient à ce genre de forteresses tellement imprenables, qu’elles sont invisibles. Aucun touriste n’a jamais su trouver la citadelle d’Anvers, à moins de s’y faire conduire ; mais il faudrait du malheur pour ne pas rencontrer celle de Liége, située au sommet d’une montagne. Eh bien ! du rempart où j’étais tout à l’heure, et qui présente l’aspect d’un simple coteau, il faut descendre encore par une foule de sentiers obliques pour arriver par une porte masquée dans l’intérieur de la place, enfoncée dans la montagne comme la gorge du Vésuve.

Les citadelles qu’on bâtissait avant Vauban étaient beaucoup moins terribles, mais plus favorables au coup d’œil. On sait ce qui arriva à celle de Liége, lorsqu’elle dominait la vallée avec des tours majestueuses et de beaux remparts crénelés. Les bourgeois invitèrent un jour toute la garnison aux noces de la fille d’un de leurs bourgmestres, qu’on appelait la belle Aigletine. On était alors en pleine paix, et nul n’avait de méfiance. Pendant la