Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/316

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La place Royale commence en retour d’équerre de cette longue ligne de bâtiments ; c’est là le centre aristocratique de Bruxelles, comme la place du Marché en est le centre populaire, comme la place de la Monnaie en est le centre industriel et bourgeois. Une église, en forme de temple, occupe le fond de ce carré régulier d’hôtels et de palais modernes, et fait face à la rue de la Montagne, qui, prolongée de celle de la Madeleine, est devenue la grande artère de la circulation et du commerce bruxellois. Cette voie lumineuse et toujours frémissante de foule et de voitures, serpente longuement de la ville haute à la ville basse, avec ses tournants, ses places étroites, ses descentes rapides, le luxe antique de ses maisons sculptées, l’éclat moderne de ses boutiques parisiennes, dont la double ligne, rayonnante de gaz, de marbre et de dorures, ne s’interrompt pas un seul instant. Ce long bazar a plusieurs appendices encore qui s’en vont animer les quartiers voisins. Hors de là, tout est calme et sombre ; le gaz des réverbères et des estaminets n’éclaire plus que de longs quartiers solitaires, ou des faisceaux de ruelles inextricables ; des bassins, des bras de rivière obstrués de masures, les longs boulevards qui donnent sur la campagne, les quais multipliés qui bordent les canaux, les estaminets même, sont paisibles, quoique remplis de monde. Quelquefois seulement une rue en kermesse étale ses transparents, ses illumi-