Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/335

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connaît pas chez nous, un grand nombre d’écrivains belgesqui sont loin de se vanter de n’être pas Français. Paris absorbe tout, et, dépouillant Bruxelles de son atmosphère propre, lui rend ce qu’il lui emprunte en splendeur et en clarté. Qui oserait dire que Grétry n’est pas Français et ne voir dans Rousseau que le citoyen de Genève ? Nos grands hommes appartiennent aussi à tous ceux qui, dans le monde, acceptent l’influence de notre langue et de nos travaux.

Le lendemain, je lisais les journaux au Café Suisse sur la place de la Monnaie, lorsque j’entendis des tambours qui battaient une marche. Deux porte-drapeaux les suivaient, l’un portant l’étendard belge, et l’autre l’étendard français surmonté d’un aigle. C’étaient les anciens soldats belges de l’empire français qui célébraient l’anniversaire du cinq mai, et qui, cette année, avaient remis au dix la cérémonie, alin qu’elle concordât avec la fête de Paris. Ils allaient se faire dire une messe et se livrer ensuite à un banquet fraternel. J’admirai la tolérance vraiment libérale du gouvernement belge et de la partie de la population qui, indifférente à ces souvenirs, saluait, sous un roi, ces vieux fidèles de l’empire. ha même cérémonie avait lieu ce jour-là dans toutes les villes de Belgique.

En rentrant à mon hôtel, je trouvai une lettre qui m’enjoignait d’avoir à venir causer vers midi