Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/348

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m’ont rappelé l’aspect des plus belles rues de Stamboul pendant les nuits du Ramazan. Toutes avaient au dedans la même disposition : une salle assez grande, éclairée par des lustres de cristaux et des bras dorés, — meublée de cabinets de laque et de bois des îles surmontés de pots de porcelaine et de chinoiseries diverses ; — au fond, un vitrail de verres de couleur : des deux côtés, quatre cabinets en forme d’alcôve, dont le cintre extérieur est soutenu par des colonnes, et qui sont garnis de rideaux en toile de Perse, en brocatelle ou en velours d’Utrecht. À l’entrée trône la maîtresse de l’établissement sur un fauteuil élevé, d’où elle préside d’un air solennel à la confection de certains gâteaux de crème frite qui ont la forme de gros macarons. À ses pieds est une grande plaque de cuivre dont les bossuages donnent à cette pâtisserie la forme nécessaire. Tenant une longue cuiller avec la majesté de la déesse Hérée, elle distribue la pâte blanche dans plusieurs séries de petites cases rondes, chauffées au-dessous par la flamme d’un grand brasier. À ses côtés brillent d’immenses coquemards en cuivre jaune, aux anses sculptées, qui ne sont sans doute là que pour l’ornement. — Ce qui frappe encore plus l’étranger qui passe, c’est que chacun de ces cafés est desservi par trois ou quatre jeunes filles frisonnes qui, avec leurs casques d’or, leurs dentelles et leurs jupes de toile de perse, se précipitent sur le