Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/352

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des bourgeons, tantôt se livrait sur un de ses pareils à des recherches d’entomologie. — Ces singes étaient simplement les compagnons ordinaires d’un certain compagnon d’Ulysse pesant douze cents livres, et amené pour la fête sur un bateau dont il remplissait la cabine. Pendant le jour, on lâchait les singes pour les distraire d’une société sans doute monotone, et il suffisait de les siffler pour les faire rentrer le soir.

La kermesse continuait dans tout son éclat, lorsque j’ai repris le chemin de fer pour Amsterdam. Après la station de Leyde et celle de Harlem, où brillaient encore les dernières tulipes de la saison, le chemin de fer passe comme une bande à peine bordée de terre entre deux mers, dont la ligne extrême coupe l’horizon avec la netteté brillante d’un damas. Celle de Harlem, plus paisible, et l’autre, plus orageuse, offrent un contraste curieux par les reflets du ciel et la teinte des eaux ; mais le plus merveilleux, c’est l’œuvre de tels hommes qui, non contents de défier les éléments avec ces digues qu’on aperçoit au loin au-delà des dunes stériles, ont jeté de Harlem à Amsterdam ce formidable trait d’union dont il semble que les vaisseaux s’étonnent, comme si les oiseaux voyaient passer un cerf dans les nues, selon l’expression du poëte latin.