Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/359

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l’époque où une reine d’Angleterre se plaignait d’être éclipsée par les splendeurs d’une cuisinière ou d’une fille de ferme. Il y a au fond beaucoup de clinquant dans tout cela ; mais l’aspect n’en est pas moins éblouissant.

Il ne faut pas mépriser Saardam, où nous rentrons après cette excursion rapide. — J’ai demandé à voir le bourgmestre, et je m’attendais à voir surgir tout à coup l’ombre de Potier. Le bourgmestre était absent, heureusement pour lui et pour moi. — La mairie est située dans une grande rue où l’esprit français a encore pénétré : ce sont deux lignes de magasins splendides, qu’on ne s’attendrait pas à rencontrer tout près d’un vaste canal qui suit parallèlement les jardins situés derrière. Les plates-bandes de tulipes égaient toujours les carrés de verdure découpés par des ruisseaux d’eau verte qui s’argentent ou se dorent aux derniers reflets du soleil couchant. C’est le printemps encore, tandis que Paris doit être en proie à l’été. Les maisons, peintes de toutes les nuances possibles du vert, depuis le vert-pomme jusqu’au vert-bouteille, se doublent dans ces eaux paisibles, comme le château du Gascon, — qui s’imagine alors qu’il en possède deux.

Le port de Saardam n’est pas non plus à dédaigner… Déjà la cloche nous appelle, et nous n’avons que le temps d’admirer la sérénité de ces rivages et