Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/47

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coûte 5 francs, et, mon compte payé à l’hôtel du Soleil, il me restait la valeur d’un écu de six livres d’autrefois. La lettre chargée arrivait bien. Vous allez voir que c’était justement le billet de Lachâtre. Je descends, en arrivant, à l’hôtel du Corbeau (j’avais laissé mon bagage à Bade, puisqu’il fallait toujours y repasser) ; je cours de là chez M. Elgé, lequel déploie proprement le billet Éloi, l’examine avec tranquillité, et me dit : « Monsieur, avant de payer le billet Éloi fils, vous trouverez bon que je consulte M. Éloi père. — Monsieur, avec plaisir. — Monsieur, à tantôt. »

Je me promène impatiemment dans la bonne ville de Strasbourg. Je rencontre Alphonse Royer qui arrivait de Paris, et partait pour Munich à quatre heures. Il me témoigna son ennui de ne pouvoir dîner avec moi et aller ensuite entendre la belle madame Janick dans Anna Bolena (c’était la troupe allemande qui jouait alors à Strasbourg). J’embarque enfin mon ami Royer, en me promettant de le rencontrer quelque part sur cette bonne terre allemande que nous avons tant de fois sillonnée tous deux ; puis, avant six heures, je me dirige posément, sans trop me presser, chez M. Elgé, songeant seulement qu’il est l’heure de dîner, si je veux arriver de bonne heure au spectacle. C’est alors que M. Elgé me dit ces mots mémorables derrière un grillage : « Monsieur, M. Éloi père vient de me dire… que