Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/68

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encore des rues tortueuses, des maisons noires, des devantures sculptées, des étages qui surplombent, des puits surmontés d’une cage de serrurerie, des fontaines aux attributs bizarres, des chapelles et des églises d’une architecture merveilleuse, mais qui malheureusement, catholiques au dehors, sont protestantes à l’intérieur, c’est-à-dire nues et dégradées. L’esprit a été tué dans ces superbes enveloppes de pierre, et elles ressemblent aujourd’hui aux coquillages de nos musées, où l’oreille attentive croit distinguer un vent sonore, mais que la vie n’habite plus.

Les rues de Francfort sont très animées, et les étalages encombrés partout de marchandises : les fourrures et les cristaux de Bohême font maudire à chaque pas nos douanes françaises, et excitent le voyageur aux projets de contrebande les plus immoraux. Je ne veux point cacher que nous rêvâmes tous pendant plusieurs jours aux moyens d’introduire frauduleusement dans notre patrie un certain nombre de verres, de tioles, de carafes, et autres ravissantes bagatelles dont nos dames étaient folles et que la douane ne laisse entrer à aucun prix. N’est-ce pas là une cruelle raillerie de l’industrie française ? mais la question est trop sérieuse pour que je veuille l’entamer ici.

L’hôtel de ville de Francfort, qu’on appelle le Rœmer, est d’un gothique peu ouvragé, surtout pour