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vail, était ornée de gravures et d’oiseaux empaillés. « Vous êtes chasseur ? » lui dit mon compagnon en frappant sur un fusil à deux coups suspendu au mur. Il répondit par un signe. Pendant l’instant que nous étions restés seuls, j’avais pu jeter les yeux sur une bibliothèque où se trouvaient des livres d’histoire et de poésie. La table placée au milieu de la chambre était couverte de livres et de feuilles manuscrites ; sur la cheminée il y avait des bocaux d’animaux conservés dans l’esprit-de-vin ; il nous apprit lui-même qu’il s’occupait beaucoup d’histoire naturelle. On comprend que notre conversation ne pouvait rester longtemps dans le vague ; nos préoccupations historiques pouvaient seules donner quelque convenance à notre visite, surtout vis-à-vis d’un homme auquel il paraissait impossible d’offrir quelque rémunération. Le docteur Widmann nous donna encore beaucoup de détails, dont plusieurs répétaient ceux que nos passants de la veille nous avaient racontés déjà ; il nous fit voir même, après quelque hésitation, le sabre dont son père s’était servi : la forme nous étonna.

Nous nous étions imaginé jusque-là que l’on enlevait la tête fort simplement d’un bon coup de sabre de dragon ou de cimeterre à la turque. L’instrument que nous avions sous les yeux confondait toutes nos idées. Le tranchant était en dedans comme celui d’une serpette ; de plus, la lame était