Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/88

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seulement des légendes dont il ne s’est point servi, — que, malgré l’heure avancée, je me hâtai d’aller voir au moins la seconde partie de l’opéra.

Il était huit heures ; et le spectacle Unissait à neuf. — Vous rappelez-vous cette grande salle, située au bout des allées de la promenade, et où nous avons vu représenter Griseldis, dans la loge de la famille Rothschild ?… C’était beau, n’est-ce pas, cette pièce héroïque, qui a été en Allemagne le dernier soupir de la tragédie ? Et quelle émotion l’actrice inspirait, même à ceux qui ne comprenaient pas la langue ; — et quel drame populaire que celui-là, dans lequel une reine est obligée, au dénoûment, de demander pardon à la fille d’un charbonnier !

La salle, cette fois, était garnie d’une foule plus compacte et plus brillante que celle que nous avions vue assistera Griseldis. C’est qu’ici comme partout la musique exerce l’attraction principale. La salle est fraîchement restaurée, jaune et or, — et l’on voit toujours au-dessus du rideau l’horloge qui, continuellement, indique l’heure aux spectateurs : attention toute germanique.

Lorsque j’entrai, on en était à cette scène de bal où l’on danse une sarabande dans laquelle chacun tient un flambeau à la main ; rien n’est plus gracieux et plus saisissant. Chaque couple s’éloigne ensuite et disparaît tour à tour dans la coulisse, et le nombre