Page:Nerval - Napoléon et la France guerrière, 1826.djvu/32

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Il n’est plus ; mais la gloire a droit de le défendre
Du blâme qui souvent plane autour des tombeaux,
Le grand homme en mourant a couvert ses défauts
Du rapide laurier qui grandit sur sa cendre.

Quoique, ressortant plus sur un fond radieux,
Des faiblesses sans doute entachent sa mémoire,
Honte à vous qui voulez rabaisser cette gloire
Dont l’éclat aveugla vos yeux :
Ne portez pas si haut ces yeux faits pour la terre ;
Reptiles impuissans, rampez dans la poussière,…
L’aigle était dans les cieux !

Avant sa mort, craignant un revers de fortune,
L’Europe, mesurant le long gouffre des mers
Et la lenteur d’une vie importune,
Frémissait au bruit de ses fers :
Mais le champ désormais étant libre à l’injure,
Ta mémoire est en butte à des flots d’imposture,
Des nocturnes oiseaux les lamentables cris
Viennent insulter l’aigle à son heure dernière,
Comme un vent empesté, planent sur ses débris,
Et croassent long-temps autour de sa poussière.

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