Page:Nerval - Petits Châteaux de Bohême, 1853.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FABIO. — Je ne sais ce que vous voulez dire.

MARCELLI. — On ne garde pas un secret surpris, au lieu qu’une confidence engage.

FABIO. — Mais je ne soupçonne rien qui vous puisse concerner.

MARCELLI. — Il convient alors que je vous dise tout.

FABIO. — Vous n’allez donc pas au théâtre ?

MARCELLI. — Non, pas ce soir ; et vous ?

FABIO. — Moi, j’ai quelque affaire en tête, j’ai besoin de me promener seul.

MARCELLI. — Je gage que vous composez un opéra ?

FABIO. — Vous avez deviné.

MARCELLI. — Et qui s’y tromperait ? Vous ne manquez pas une seule des représentations de San-Carlo ; vous arrivez dès l’ouverture, ce que ne fait aucune personne du bel air ; vous ne vous retirez pas au milieu du dernier acte, et vous restez seul dans la salle avec le public du parquet. Il est clair que vous étudiez votre art avec soin et persévérance. Mais une seule chose m’inquiète : êtes-vous poëte ou musicien ?