Page:Nerval - Petits Châteaux de Bohême, 1853.djvu/72

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nous n’avons point affaire, n’est-ce pas, de ces divagations…

CORILLA. — Laissez-le dire, rien ne nous presse, monsieur.

MAZETTO. — Enfin, j’imaginai que le seigneur Fabio étant épris par les yeux seulement, puisqu’il n’avait jamais pu réussir à s’approcher de madame et n’avait jamais entendu sa voix qu’en musique, il suffisait de lui procurer la satisfaction d’un entretien avec quelque créature de la taille et de l’air de la signora Corilla… Il faut dire que j’avais déjà remarqué une petite bouquetière qui vend ses fleurs le long de la rue de Tolède ou devant les cafés de la place du Môle. Quelquefois elle s’arrête un instant, et chante des chansonnettes espagnoles avec une voix d’un timbre fort clair…

MARCELLI. — Une bouquetière qui ressemble à la signora ; allons donc ! ne l’aurais-je point aussi remarquée ?

MAZETTO. — Seigneur, elle arrive tout fraîchement par le galion de Sicile, et porte encore le costume de son pays.

CORILLA. — Cela n’est pas vraisemblable, assurément.