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VOYAGE EN ORIENT.

divorce, mais qu’une autre de ses femmes en était l’objet. La plaignante assura que cela était impossible, puisque le défendeur n’avait pas d’autre femme ; à quoi le juge répondit qu’il n’était pas possible qu’elle sût cela. Se tournant alors vers les témoins, il leur demanda le nom de la femme divorcée en leur présence, mais ils déclarèrent l’ignorer. Les ayant ensuite questionnés sur l’identité de la femme, les témoins dirent ne pouvoir l’affirmer, puisqu’ils ne l’avaient vue que voilée. Le juge, d’après l’incertitude qui semblait entourer la cause, trouva juste de débouter la femme de sa plainte et d’ordonner qu’elle rentrerait dans le domicile conjugal. Elle aurait pu exiger qu’il fît comparaître la femme contre laquelle il avait prononcé le divorce dans le café ; mais cela lui eût peu servi, car il eût facilement trouvé une femme pour remplir ce rôle, la production d’un acte de mariage n’étant pas nécessaire en Égypte, où presque tous les mariages se font sans acte écrit, et souvent même sans témoins. »

Il arrive assez fréquemment que l’homme qui a prononcé contre sa femme le troisième divorce et qui veut la reprendre de son consentement, surtout lorsque le divorce a été prononcé en l’absence de témoins, n’observe pas la loi prohibitive qui lui interdit de la reprendre si elle n’a pas été remariée dans l’intervalle.

Des hommes, religieusement attachés à l’observance de la loi, trouvent moyen de s’y conformer, en se servant d’un homme qui épouse la femme divorcée, et s’engage à la répudier le lendemain du mariage et à la donner à son précédent man, dont elle redevient la femme en vertu d’un second contrat, quoique cette manière d’agir soit absolument en contradiction avec la loi. Dans ces cas, la femme peut, si elle est majeure, refuser son consentement ; dans le cas de minorité, son père ou son tuteur légal peut la marier à qui bon lui semble.

Lorsqu’un homme, pour ravoir sa femme divorcée, veut se conformer à l’usage qui exige un mariage intérimaire avant