Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/106

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des officiers pour le roi de Prusse, fanatisme si grand qu’ils ne voulaient pas même admettre la possibilité de vaincre les soldats du grand Frédéric. C’est entre la censure des adulations antinationales de Voltaire et l’éloge perpétuel du génie de l’empereur que le feuilleton de Geoffroy, se gardant ainsi militairement, marchait à l’assaut des renommées du dix-huitième siècle et de la politique révolutionnaire, et développait cet aphorisme de Fiévée, un peu plus tard appelé à être le rédacteur en chef du Journal des Débats : « Quand je dis philosophie du dix-huitième siècle, j’entends tout ce qui est faux en législation, en morale et en politique. »

Deux autres plumes plus finement taillées, deux esprits de provenance royaliste, M. de Féletz et M. Hoffmann, apportaient aux mêmes idées l’appui d’un remarquable talent de polémique, et d’un savoir rendu plus piquant par les grâces du savoir-vivre, de sorte que l’influence du feuilleton du Journal des Débats grandissait tous les jours. M. de Féletz, ceux qui ont connu son caractère aimable et enjoué auraient difficilement deviné cette particularité de sa carrière, avait préludé à sa vocation de journaliste par le martyre. Élevé pour le sacerdoce avant la révolution, maître de conférences à l’ancien collège de Sainte-Barbe, il avait pensé en chrétien convaincu, qui ne croit pas que le péril puisse dégager, et en bon gentilhomme qui y voit un engagement de plus, qu’il devait suivre, après comme avant la révolution, la carrière ecclésiastique à laquelle il