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dans ce style un peu trop ossianique qu’affectionnait l’empereur, et que le Journal de l’Empire a publiée d’après un journal allemand, sans attendre l’édition modifiée et rectifiée, ce qui donne à Fouché l’occasion d’accuser le correspondant du journal d’être un intrigant vendu aux Anglais, accusation banale dirigée contre tous ceux qu’on voulait perdre. Tantôt c’est une polémique sur la réception du cardinal Maury à l’Académie française, qui devient l’occasion d’une nouvelle escarmouche entre le parti philosophique et révolutionnaire et le parti religieux et social. À l’Institut, le premier de ces deux partis était en force : il eut un moment la prétention d’exiger que le cardinal se présentât avec l’uniforme de l’Institut et l’épée au côté, ce qui eût été une dérision jetée sur son caractère, et il se rabattit ensuite à la résolution de lui refuser la qualification honorifique attachée à sa dignité dans l’Église, ce qui amena cette vive réponse du cardinal au citoyen Chénier, dont l’opposition était la plus violente : « Pourquoi ne me dirait-on point, Monseigneur ? je vous dis bien, Monsieur. » Puis, dans une autre circonstance, Fouché profère publiquement la menace de faire arrêter M. Fiévée, directeur du Journal de l’Empire, ce qui provoque, de la part de celui-ci, une lettre adressée à l’empereur, et dans laquelle il raconte que plus de trente personnes sont venues chez lui pour lui demander les motifs de son arrestation, et que plusieurs n’étaient pas sans crainte