Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/117

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de se compromettre par cette marque d’intérêt ou de curiosité[1].

Enfin le parti philosophique, si souvent battu, songea à prendre sa revanche à l’Institut, où il était sur son terrain, et M. Suard se chargea de dénoncer, en séance académique, les rédacteurs du Journal de l’Empire comme partisans des Bourbons et travaillant à leur retour. Ce fut le sujet d’une nouvelle lettre de M. Fiévée à l’empereur[2].

Il fallait que cette lutte eût un terme, et, dans une des nombreuses conversations que l’empereur eut avec

  1. La lettre se termine ainsi : « Heureusement j’étais chez moi pour les rassurer et leur apprendre que les haines ministérielles ne sont rien sous un chef qui règne par lui-même, et seraient encore moins si le chef de l’État était faible : car alors que seraient les ministres ? Il est vrai que M. Fouché, qui a le malheur d’être nerveux, avait crié, m’a-t-on dit, qu’il me ferait arrêter ; et comme il y avait beaucoup de témoins, cela paraissait un engagement. En vérité, je ne sais ce qui tourmente ces gens-là ; je crois quelquefois que leur agitation est une punition de Dieu. »
  2. Voici cette lettre : « Nous avons il est vrai, disait-il, le tort d’attaquer, avec un succès toujours croissant, cette philosophie du dix-huitième siècle, mauvaise en morale, en littérature, autant qu’en politique ; et comme la réputation de M. Suard tient à cette philosophie, puisqu’il n’a fait aucun ouvrage qui puisse recommander sa mémoire, il ne peut nous pardonner notre irrévérence pour ses maîtres, irrévérence qui réduirait à rien les disciples comme lui. Mais aller jusqu’à une dénonciation politique faite en pleine séance d’Académie, appuyer avec un tel éclat les rapports secrets du ministre de la police, c’est une action d’autant plus lâche, qu’on a dû calculer d’avance que, le nom des Bourbons se trouvant mêlé dans cette attaque, il serait impossible de se défendre dans les journaux. »